Les yokai
Créatures surnaturelles issues du folklore japonais
- Article mis à jour le 17/07/2025 -
En japonais, le terme yokai signifie littéralement "esprit", "fantôme" ou "apparition". Ils désignent donc des créatures surnaturelles ou des (mauvais) esprits souvent considérés comme des monstres ou des fantômes.
Ils trouvent leurs origines dans les croyances shintoïstes du Japon ancien où chaque élément de la nature est habité par un esprit, et les yokai sont perçus comme des manifestations de ces esprits. Avec l'introduction du bouddhisme au Japon, leur perception a évolué et certains yokai ont été assimilés à des démons bouddhistes, appelés oni, symbolisant les forces du mal ou les esprits tourmentés.
Il peuvent prendre de nombreuses formes, allant des esprits de la nature aux animaux dotés de pouvoirs surnaturels, en passant même par des objets inanimés possédés. Certains peuvent être effrayants, d'autres plus humoristiques ou mystérieux.
Ils peuvent être bienveillants, malveillants ou simplement espiègles, et leur comportement peut influencer les événements et les gens. Ils jouent un rôle important dans la façon dont les Japonais perçoivent le monde qui les entoure.
Leur rôle est d'expliquer les désagréments de la vie humaine mais ils peuvent également porter chance à ceux qui les croisent. Leurs pouvoirs sont multiples, mais la métamorphose est un talent que beaucoup partagent (ils sont alors appelés obake).
Le tanuki,
esprit de la forêt aux attributs disproportionnés et aux pouvoirs magiques
Le terme tanuki désigne le chien viverrin japonais (canidé ressemblant à un croisement entre un raton laveur et un blaireau).
Considéré comme un yokai dans le folklore japonais, il souvent représenté avec des pouvoirs de transformation et un caractère espiègle. Il est associé à la chance, la prospérité et la joie, mais aussi à des farces et des ruses.
Ils sont généralement représentés avec un chapeau de paille, une gourde de saké, un gros ventre, et avec des attributs masculins disproportionnés. La version femelle du tanuki existe aussi, mais on la rencontre plus rarement.
Créature métamorphe, maîtrisant parfaitement l'art du déguisement, il peut changer d'apparence à sa guise et prendre la forme d'un humain, d'un animal ou même d'un objet inanimé. Cette aptitude lui permet de duper les humains.
Il est surtout connu pour ses testicules de grande taille aux multiples fonctions: on peut voir des tanuki portant leurs testicules en baluchon ou s'en servant comme parapluie sur de nombreuses estampes et illustrations comiques.
Où peut-on retrouver les tanuki?
→ Réputés pour être un symbole de prospérité et de bonne fortune, on retrouve des statuettes de tanuki dans les boutiques japonaises ou encore à l'entrée des bars et des restaurants.
→ Ils sont également vénérés dans certains temples comme dans le Yashima-ji à Takamatsu, le Tanukidanisan Fudo-in à Kyoto ou encore le Chingodo à Asakusa (Tokyo).
→ Dans le quartier de Asakusa à Tokyo, on retrouve la Tanuki-dori (ou Tanuki Street) où l'on peut s'amuser à retrouver 11 statuettes de tanuki différentes le long de la rue.
→ On les retrouve aussi dans l'animation japonaise, comme dans le film "Pompoko" produit par le studio Ghibli par exemple.
Le tanuki étant de loin mon yokai préféré, voici quelques photos de mon dernier voyage où je me suis amusée à photographier une bonne partie de ceux qui ont croisé mon chemin...
Le kitsune,
messager divin et créature aux multiples pouvoirs
En japonais, le terme kitsune se traduit par "renard" ou "esprit renard".
Dans la culture japonaise, le renard tient une place importante dans le cadre religieux (où il est le messager de la divinité shintoïste Inari) mais également dans le folklore japonais où il est considéré comme un yokai doté de pouvoirs magiques. Il est alors spécifiquement désigné sous le terme de bake-kitsune.
L'une de ses caractéristiques principales réside en une intelligence et une longévité supérieure, mais surtout la possession de pouvoirs magiques, comme la métamorphose, la possession, ou encore la maîtrise des éléments naturels. Leur pouvoir de métamorphose apparaitrait à leur 100 ans d'existence.
Il existerait 13 types différents de kitsune mythiques, chacun correspondant à un "élément" mais ils sont plus communément divisés en deux camps diamétralement opposés (représentant la dualité et l'équilibre de la vie sur terre):
- les zenko, les kitsune bienveillants, sont les messagers divins et les réincarnations des âmes dans le monde des esprits. Ils deviennent de plus en plus puissants en vieillissant et ils leur poussent de nouvelles queues avec l'expérience.
Lorsqu'ils atteignent le nombre de 9 queues, leur fourrure devient blanche (ou dorée) et ils acquièrent des capacités puissantes comme la faculté de prédire l'avenir et de moduler l'espace-temps. On raconte qu'ils ont des perceptions accrues, qu'ils peuvent entendre et voir tout ce qui se passe dans le monde et qu'ils finissent par atteindre l'omniscience.
- les nogitsune, les kitsune maléfiques, sont des créatures sauvages qui ne servent pas de divinités. Ils sont connus pour leur pouvoir de métamorphose et peuvent prendre une forme humaine, généralement celle d'une jeune femme séduisante qui envoûte et tend des pièges aux hommes riches et puissants.
Où peut-on retrouver les kitsune?
→ Vous pouvez apercevoir des statues de renards dans les nombreux sanctuaires dédiés à Inari, la divinité (kami) des céréales et du commerce. Plus d'un tiers des sanctuaires enregistrés au Japon sont voués à Inari, comme par exemple le Fushimi Inari-taisha à Kyoto ou le Toyokawa Inari Betsuin à Tokyo.
→ On retrouve également le kitsune au sein de la pop culture japonaise, comme les Pokémon Goupix et Feunard, ou encore dans le manga Naruto avec le personnage de Kurama, le renard à 9 queues qui prend possession du héros.
→ Plusieurs matsuri mettent à l'honneur le kitsune, comme par exemple le Oji Kitsune no Gyoretsu (littéralement "la parade des renards") qui a lieu la veille du Nouvel An à Tokyo et qui rassemble des centaines de personnes déguisées ou maquillées en renard.
Le kappa,
démon des rivières
Le terme kappa a une origine populaire qui provient de la fusion du terme kawa (rivière) ainsi que celui de warawa (enfant, garçon), pour former le terme kawa-wappa (le garçon de la rivière), puis kawappa, qui aboutit au terme kappa, par la suite. Les kappa sont donc des créatures aquatiques.
D'allure humanoïde aux mains et aux pieds palmés, il est souvent décrit de petite taille, avec une carapace de tortue et une cavité remplie d'eau (appelée sara) sur le sommet de la tête.
Ils sont connus pour être
espiègles, mais peuvent aussi être dangereux, attirant les humains (et surtout les enfants) dans
l'eau qu'ils fréquentent pour les noyer. Cependant, ils respectent les règles de politesse et peuvent être vaincus en les obligeant à se courber, ce qui
vide l'eau de leur tête et les affaiblit.
Où peut-on retrouver les kappa?
→ Le temple Sogen-ji (appelé plus communément Kappa-dera), à Tokyo, est dédié au kappa et on retrouve dans son jardin de nombreuses statues le représentant. Le bâtiment intérieur est malheureusement fermé au public mais renfermerait une main de kappa momifiée ainsi que d'anciennes peintures sur rouleau. Et ne soyez pas étonné de voir des concombres placés en offrandes, ils sont destinés à amadouer les kappa qui en raffolent!
→ Situé à quelques pas du Kappa-dera, la Kappabashi-dori (ou simplement Kappabashi), est une rue située entre les quartiers Ueno et Asakusa, célèbre pour ses nombreux magasins d'ustensiles de cuisine, ainsi que pour ses nombreuses représentations de kappa, dispersées dans tout le quartier.
Le oni,
démon japonais
Le terme oni désigne un type de créature du folklore japonais souvent décrit comme un démon ou un ogre. Ils sont souvent associés à l'enfer bouddhiste et à la torture des âmes damnées, mais certaines légendes les décrivent aussi comme des protecteurs.
Les
oni sont des êtres surnaturels puissants et malveillants qui représentent la malchance et la violence dans la culture
nippone. Dotés d'une force surhumaine et d'une soif d'infliger des souffrances, ils terrifient les êtres humains.
Dans l'art et la littérature, ils attirent la destruction, le
fléau et la maladie autour de lui.
Ils sont souvent représentés comme des créatures humanoïdes géantes, avec des cornes, des dents acérées, et une peau de couleur vive (souvent rouge ou bleue). Toutefois, son apparence varie en fonction des régions.
Où peut-on retrouver les oni?
→ Les masques oni symbolisent la force, la puissance ou encore la colère. Ils peuvent être utilisés pour éloigner les mauvais esprits et attirer la chance. Ils sont également portés lors de festivals traditionnels comme Setsubun et dans le théâtre no pour représenter des personnages démoniaques.
→ Les oni sont énormément représentés dans les tatouages japonais. Par exemple, dans le clan des yakuza, une personne tatouée avec un dessin de masque hannya (démon féminin qui représente une femme consumée par la jalousie et la rage) est représentatif d'un désir de vengeance.
→ Plusieurs matsuri mettent en avant les oni, comme par exemple le Toyohashi Oni Matsuri qui se déroule en février dans la préfecture de Aichi.
→ Dans la ville thermale de Beppu, on retrouve des représentations de oni un petit peu partout à travers la ville et dans les différents jigoku (enfers de Beppu).
→ Dans le manga Demon Slayer, les oni sont les principaux antagonistes de l'histoire et sont décrits comme des créatures puissantes, capables de se régénérer rapidement et possédant une force et une agilité surhumaines.
Le tengu,
gardien des montagnes et des forêts
Le mot tengu (qui viendrait du chinois "tiangou") signifie "chien céleste" bien que leur apparence n'ait rien à voir avec ces animaux.
Appartenant à la famille des yokai, il est également considéré comme un kami régnant sur la montagne et la forêt.
Mi-homme mi-oiseau, leur visage est rouge avec un long nez. Ils sont assez corpulents et ils se déplacent dans le ciel grâce de grandes ailes blanches. Il portent généralement un large éventail en plume qui aurait des capacités magiques, comme celle de changer le climat à leur guise.
Une des caractéristiques les plus célèbres des tengu est leur maîtrise des arts martiaux. Ils vivent au fond des montagnes et ils s'y déplacent avec une grande dextérité, émettant des bruits, des chuchotements, des rires et des sons de tambour terrifiants.
Ils sont également connus pour leur capacité à se métamorphoser et à créer des illusions. Particulièrement dangereux pour les personnes les plus vulnérables (comme les personnes âgées et les enfants), ils peuvent posséder les humains, les enlever ou les égarer dans les montagnes.
Au fil du temps, le rôle des tengu a évolué. D'abord considérés comme des ennemis du bouddhisme, ils sont progressivement devenus les gardiens des montagnes et des forêts dans lesquelles ils vivent. Les bûcherons seraient censés les apaiser en abattant des arbres et en leur offrant de la nourriture.
Où peut-on retrouver les tengu?
→ Le mont Kurama, près de Kyoto, est particulièrement célèbre pour son association avec Sōjōbō, le roi des tengu. On y retrouve d'ailleurs sa représentation juste à la sortie de la gare de Kurama.
→ Le mont Takao, dans les environs de Tokyo, est un autre lieu réputé pour ses connections avec les tengu. Le temple Yakuo-in abrite des statues de tengu et organise des festivals en leur honneur.
→ Plusieurs matsuri à travers le Japon célèbrent les tengu, par exemple le Numata Matsuri qui se déroule début août dans la préfecture de Gunma, où l'on retrouve des parades de grands masques de tengu dans les rues.
→ Dans le magnifique sanctuaire Kitaguchi Hongu Fuji Sengen-jinja, situé à Fujiyoshida, on retrouve deux énormes masques de tengu surplombant la façade du bâtiment principal. Il est également possible d'acheter des omamori en forme de masque de tengu à la boutique du sanctuaire.
→ On retrouve aussi de nombreuses références aux tengu dans les manga, comme le personnage de Tenguyama Hitetsu dans One Piece, ou Urokodaki, qui arbore un masque de tengu dans Demon Slayer.
Exemples d'autres yokai relativement populaires
→ Yurei: fantôme japonais, souvent vêtu de blanc, caractérisé par sa tristesse et son désir de se venger ou de se réincarner.
→ Tsukumogami: objets anciens qui prennent vie après 100 ans, comme des parapluies (kasa-obake) ou des lanternes (chochin-obake).
→ Jorogumo: araignée yokai qui se transforme en belle femme pour attirer ses proies.
Le personnage de la mère des démons araignées du manga Demon Slayer semble s'en être inspiré, et dans le manga One Piece, le personnage de Black Maria sous sa forme hybride ressemble à un Jorogumo.
→ Gashadokuro: squelette géant formé des os de personnes mortes.
→ Bakeneko: yokai prenant l'apparence d'un chat aux pouvoirs surnaturels, capable de se dresser sur ses pattes arrière et de prendre forme humaine (généralement celle de son ancien maître).
On le retrouve notamment dans le manga Naruto avec Matatabi (ou Nibi le démon à deux queues) qui emprunte beaucoup à la légende du bakeneko (ainsi qu'à celle du nekomata, un autre yokai félin).
→ Rokurokubi: yokai d'apparence humaine le jour (généralement de sexe féminin), il se transforme en monstre la nuit avec comme particularité un cou qui s'allonge à l'infini.